Sanofi mise sur l'immunologie pour assurer son avenir

Sanofi fait le pari de l'immunologie et de la recherche et développement pour s'assurer « une croissance durable » au moins jusqu'en 2030. Grâce aux lancements récents ou à venir de nouveaux produits pharmaceutiques, le groupe estime pouvoir générer plus de 10 milliards d'euros de ventes annuelles d'ici-là. Des déclarations destinées notamment à restaurer la confiance des investisseurs, qui craignent qu'il ne soit devenu trop dépendant de son produit vedette, le Dupixent.

'objectif de Sanofi n'est pas nouveau : accélérer dans l'innovation et se concentrer sur les maladies rares. Le groupe a précisé dans un communiqué, paru mercredi soir, qu'il mise pour cela sur « des lancements récents ou à venir d'actifs pharmaceutiques », combinés à la solide croissance de son produit phare multi-actif Dupixent et des vaccins, pour augmenter « de plus de 10 milliards d'euros le chiffre d'affaires annuel d'ici à 2030 ».

Donnant clairement la priorité à l'immunologie (le traitement des maladies du système immunitaire), le géant pharmaceutique prévoit d'augmenter de 50% les essais cliniques de phase III (dernière étape avant une demande d'autorisation de mise sur le marché) en 2024 et 2025.

« Nous avons confiance dans notre portefeuille actuel de produits et dans la solidité de notre pipeline pour obtenir une croissance durable jusqu'en 2030 et pour les années à suivre », a déclaré Paul Hudson, le directeur général du groupe dans un communiqué.

Paquet sur la R&D

La stratégie de recherche et développement (R&D) de Sanofi s'appuie sur « des actifs aux multiples indications potentielles », tels que l'amlitelimab contre l'eczéma ou encore le frexalimab, un anticorps contre la sclérose en plaques. Elle doit « permettre d'obtenir les résultats de 25 études au stade intermédiaire ou avancé et jusqu'à 19 soumissions réglementaires pour ses actifs pharmaceutiques au cours des deux prochaines années », détaille le groupe.

En parallèle, le groupe se renforce dans l'intelligence artificielle (IA) appliquée à la découverte de médicaments potentiels. Il a annoncé mardi 5 décembre la signature d'un partenariat de recherche avec la start-up Aqemia. Ce dernier prévoit que Sanofi identifie la cible thérapeutique et que la jeune pousse conçoive les molécules capables d'atteindre l'effet thérapeutique souhaité. En 2022 déjà, le groupe avait conclu d'autres partenariats avec des sociétés pharmaceutiques afin d'accélérer le développement de médicaments à l'aide de leurs plateformes basées sur l'IA.

Le groupe fait ces déclarations notamment dans le but de rassurer ses investisseurs. D'ailleurs, Sanofi leur dédie justement une journée à New York ce jeudi, aux côtés du nouveau patron de la R&D monde, Houman Ashrafian. Le dirigeant leur fera le point sur « 12 blockbusters potentiels » en cours d'étude clinique : neuf médicaments et vaccins innovants avec un chiffre d'affaires potentiel de 2 à 5 milliards d'euros chacun en rythme de croisière et trois actifs aux potentielles multiples indications avec un chiffre d'affaires potentiel de plus 5 milliards d'euros chacun en rythme de croisière.

Cette opération séduction fait suite aux déboires de l'entreprise en Bourse. En octobre, le groupe avait surpris les investisseurs en décidant d'abandonner ses objectifs de marge opérationnelle pour 2025 dans la foulée d'un plan d'augmentation des investissements pour renforcer sa recherche et développement. L'action du groupe avait alors chuté de près de 19% et peine à se redresser depuis.

« Lorsque vous annoncez une stratégie de retour à la science et la volonté d'être un leader en matière d'innovation, certains investisseurs se détournent, même après treize trimestres consécutifs de croissance », a exposé Paul Hudson dans un entretien au journal Le Figaro. Le groupe doit « attirer de nouveaux investisseurs », a-t-il ajouté.

Sanofi avait aussi annoncé en octobre un plan d'économies allant jusqu'à deux milliards d'euros entre 2024 et fin 2025 pour financer l'innovation. Pour se recentrer sur son cœur de métier, il avait aussi indiqué vouloir se séparer de sa division Santé Grand Public (Doliprane, Mucosolvan...) pour le coter en Bourse après avoir sorti de son giron l'an dernier son entité de principes actifs, Euroapi, dont l'action a perdu plus de 60% depuis le début de sa cotation parisienne en mai 2022.

Préparer la sortie du Dupixent

Les investisseurs craignent que Sanofi ne soit devenu trop dépendant de son produit vedette, le Dupixent. Ce dernier a compensé la baisse des ventes du précédent blockbuster, le Lantus, utilisé dans le traitement du diabète et attaqué par les génériques depuis l'expiration du brevet en 2015. Le géant pharmaceutique a encore huit ans pour se préparer, jusqu'en 2031, date où le brevet de Dupixent tombera lui aussi dans le domaine public.

C'est « une opportunité unique pour tirer notre épingle du jeu », alors que « la plupart de nos concurrents vont perdre 25 à 35% de leur chiffre d'affaires au cours de la prochaine décennie », souligne Paul Hudson dans le quotidien français.

Le taux de croissance annuel des ventes du Dupixent « devrait se maintenir dans la fourchette inférieure à deux chiffres entre 2023 et 2030, porté par de nouvelles indications, comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et une plus grande pénétration des marchés dans ses indications approuvées », prévoit le groupe.

Les investisseurs attendent toutefois de nouveaux relais de croissance alors que le groupe a été à la traîne dans le vaccin contre le Covid-19, a arrêté la recherche sur le secteur très concurrentiel du diabète et du cardiovasculaire, et qu'il reconnaît ne pas avoir inventé de nouveau médicament depuis longtemps. 

Ipsen vise + 7% de ventes annuelles jusqu'en 2027

De son côté, le groupe pharmaceutique français Ipsen, spécialisé sur les domaines thérapeutiques de l'oncologie, des maladies rares et des neurosciences, a annoncé ce jeudi viser une croissance moyenne de son chiffre d'affaires à taux de change constants « d'au moins 7% » jusqu'en 2027. Le laboratoire s'appuie sur un portefeuille « de sept médicaments avec un potentiel de ventes maximales attendues d'au moins 500 millions d'euros chacun » sur cette échéance et table sur une marge opérationnelle des activités « d'au moins 32% des ventes totales du groupe en 2027 », selon un communiqué. Ces perspectives excluent l'impact potentiel de transactions supplémentaires d'innovation externe de produits en phase avancée, précise Ipsen.

Le troisième groupe pharmaceutique en France (derrière Sanofi et Servier) se dit « désormais prêt pour sa prochaine phase de croissance », tablant sur « plusieurs lancements en cours et potentiels à court terme » et sur « de nombreuses avancées dans le portefeuille R&D à moyen terme ». Parmi ses médicaments expérimentaux, l'elafibranor dans le traitement d'une maladie rare du foie, la cholangite biliaire primitive, qui peut entraîner une insuffisance hépatique ou, dans certains cas, la mort. Ipsen a annoncé dans un communiqué séparé que les autorités américaines ont accepté le dépôt du dossier de demande d'autorisation de ce candidat-médicament et que l'Agence européenne du médicament (EMA) a également validé la demande d'autorisation de mise sur le marché (AMM).

Source : latribune.fr

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