Le géant de la construction Eiffage a signé avec EDF le contrat des travaux de génie civil des deux réacteurs nucléaires EPR2 de Penly (Seine-Maritime), pour un montant supérieur à 4 milliards d’euros.
Jackpot pour Eiffage. Le géant français du BTP et des concessions a eu les préférences d'EDF pour réaliser les travaux de génie civil des deux réacteurs nucléaires EPR2 prévus à Penly en Seine-Maritime. Cette paire de réacteurs sera la première du programme de relance du nucléaire d'Emmanuel Macron et sera suivie de deux autres, à Gravelines (Nord) et à Bugey (Ain). Eiffage l'a donc emporté sur le duo Vinci-Bouygues qui s'est allié pour cet appel d'offres et construira près de 70 ouvrages, comme les enceintes des réacteurs, les dômes de 70 mètres de haut et 50 mètres de diamètre, les salles de machines, ou encore les bâtiments d'exploitation de six étages. Le tout pour un montant supérieur à 4 milliards d'euros.
Pour rappel, EDF entend lancer les travaux préparatoires des deux réacteurs mi-2024, sous réserve d'obtention des autorisations administratives, pour une mise en service au plus tôt en 2035. Ces travaux de génie civil devraient mobiliser près de 4.000 personnes au plus fort du chantier. Une bonne nouvelle pour l'emploi local puisqu' « Eiffage s'attachera à irriguer le tissu économique local et à favoriser l'emploi local et l'insertion », assure le géant français du BTP, qui précise que 1,3 million d'heures seront réservées à l'insertion et à l'emploi de personnes en situation de handicap.
Une annonce qui intervient moins d'une semaine après les recommandations de l'Autorité environnementale à EDF de revoir revoir sa copie sur l'étude d'impact environnemental des travaux préparatoires et de l'exploitation du site (artificialisation de fonds marins, incidences sur les sites Natura 2000 alentours...). EDF répondra « dans les prochaines semaines », a-t-il indiqué.
Bouygues partait pourtant avec une longueur d'avance
Le coup est dur pour Bouygues et Vinci, qui semblaient partir avec une longueur d'avance du fait de leur expérience dans cette activité. Notamment celle de Bouygues. Dès les années 1970-1985, le groupe dirigé par Olivier Roussat a réalisé pour l'énergéticien français tous les ouvrages d'Europe, que ce soit à Bugey, à Saint-Alban (AuRA) ou à Chooz, à la frontière franco-belge. Aujourd'hui, il travaille sur le chantier de Flamanville - avec les aléas qui sont connus - et a participé à la construction du réacteur EPR d'Olkiluoto en Finlande, mis en service mi-avril, après plus de 13 ans de retard. Un savoir-faire que la filiale Bouygues Construction exporte jusqu'en Chine. La major française est présente à Daya Bay, dans le sud-est du pays, près de Hongkong, où elle a érigé le troisième réacteur en service depuis deux ans. Plus tôt, en janvier 2017, elle avait décroché auprès de la filiale britannique d'EDF un contrat de plus de 1,7 milliard d'euros pour construire deux réacteurs EPR à la centrale d'Hinkley Point (Angleterre). A cela s'ajoute un partenariat stratégique avec EDF avec la signature en décembre 2021 d'un accord-cadre de coopération mondiale portant sur la technologie EPR et les futurs projets en République tchèque, en Pologne et en Arabie Saoudite. De son côté Vinci a réalisé le sarcophage de Tchernobyl,
Pour autant Eiffage ne part pas de rien dans le nucléaire. « Nous avons toujours été actifs sur le parc nucléaire et travaillons déjà pour le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), que ce soit à Cadarache - projet ITER - et à Valduc. Avec cette décision affirmée au plus haut niveau de l'Etat de construire 6 EPR, le cap est clair et la décision d'investir est forte », déclarait en septembre à La Tribune son PDG Benoît de Ruffray.
Source : latribune.fr