L'intermédiaire financier allemand a relevé sa recommandation à l'achat sur Kering jugeant que le potentiel à moyen terme de la marque Gucci est largement sous-estimé.
La saison des publications dans le secteur du luxe a été plus que mitigée. Hermès a fait honneur à son rang en publiant des ventes trimestrielles supérieures aux attentes.
LVMH a quant à lui enregistré une progression de ses revenus inférieure au consensus au troisième trimestre. Le numéro un mondial du luxe a été rattrapé par le ralentissement de la demande des consommateurs les plus aspirationnels, c'est à dire de ceux qui se dirigent vers les marques les moins onéreuses et plus dans l'air du temps.
Quant à Kering, la maison-mère de Gucci a livré la moins bonne copie trimestrielle des trois groupes phares du luxe cotés à la Bourse de Paris. Le 25 octobre dernier, le groupe piloté par François-Henri Pinault a vu ses ventes chuter de 9% en données comparables (-13% en données publiées) entre juillet et septembre 2023, encore miné par Gucci qui souffre d'une moindre désirabilité de ses produits. Les autres maisons de Kering ne sont pas en reste et ont toutes accusé un repli de leur activité cet été.
En septembre dernier, Bank of America avait d'ores et déjà pointé ces risques en amont de cette publication, et avait estimé que le redressement de Gucci serait plus compliqué qu’espéré.
Un potentiel de redressement
Un avis qui est loin d'être partagé par Deutsche Bank. La banque allemande s'avère confiante dans la capacité de Kering à redonner du lustre à sa marque italienne. L'établissement estime dans sa note publiée ce vendredi matin que Kering reste l'un des plus grands groupes de luxe au monde et que "le potentiel à moyen terme du groupe mais aussi de la marque Gucci est largement sous-évalué".
Deutsche Bank n'élude pas les "vents contraires" qui balayent actuellement le secteur du luxe dans un horizon court terme, à savoir le ralentissement de la demande pour ces produits. Des risques qui, aux yeux de la banque allemande, "ont été largement pris en compte par les investisseurs". Dans ce contexte, Kering présente "risque/rendement à moyen terme attrayant pour les investisseurs" qui sont prêts à faire preuve de patience.
Un optimisme qui tranche avec le climat ambiant sur la valeur. Deutsche Bank relève ainsi à l'achat son opinion sur la valeur tout en portant son objectif de cours à 540 euros contre 510 euros précédemment, ce qui offre un potentiel de plus de 30% aux cours actuels.
Ce précieux appui de Deutsche Bank permet à l'action Kering de s'apprécier de 2,2% ce vendredi quand le CAC 40 prend sa respiration au lendemain d'une belle séance (+1,85%).
De solides éléments mis en place
Concernant Gucci, la principale bête noire des marchés, Deutsche Bank rappelle "le sentiment très négatif quant au potentiel de redressement de la marque", et cite un consensus qui table sur un taux de croissance annuel moyen des ventes de l'ordre de 4 % pour la période 2022-2027". Or, ce tableau peu encourageant pour Gucci n'est pas justifié compte tenu des efforts consentis par Kering pour redresser la griffe italienne, selon l'établissement.
Pour appuyer son argumentaire, Deutsche Bank se base sur les précédents faits d'armes des deux derniers directeurs de la création de Gucci, qui ont permis de dégager une croissance de "de 8% à 18%, y compris pendant les périodes de COVID et de crise financière".
La banque allemande cite également les atouts déjà présents qui favoriseront le redressement de Gucci, à savoir une portée médiatique pour une marque pesant 10 milliards d'euros sur les réseaux sociaux similaire à celle de ses plus grands pairs, et l'arrivée de Sabato de Sarno, à la tête de la création.
"Sur la base de notre analyse des principaux domaines d'investissement, nous prévoyons un taux de croissance annuel moyen de l'EBIT ( bénéfice d'exploitation avant intérêts et impôts) supérieur au consensus de 12% entre 2023-2027", abonde Deutsche Bank.
Une valorisation très attractive
Si le renouveau de l'histoire boursière de Kering passe par le redressement de Gucci, Deutsche Bank n'en oublie pas moins les autres maisons du groupe. L'intermédiaire financier estime que les "autres marques de luxe (Yves Saint Laurent, Bottega Veneta et Balenciaga) et le développement de catégories de produits complémentaires dans Kering Eyewear et Kering Beauté offrent des flux de revenus diversifiés et croissants à moyen terme".
Rappelons que la division Kering Eyewear - qui englobe les montures optiques et les lunettes de soleil - est la seule a avoir dégagé une croissance de ses ventes (+31%) entre juillet et fin septembre.
Pour finir, Deutsche Bank revient sur l’attractivité de Kering en Bourse, avec un ratio cours sur bénéfices d'environ 13 fois, "soit une décote significative par rapport au secteur et à son multiple moyen après être devenu un groupe entièrement axé sur le luxe (environ 19 de 2017 à 2019 sur une base pré COVID)". Les estimations de l'intermédiaire financier tiennent déjà compte d'un abaissement d'environ 20% depuis le début de l'année de ses prévisions de bénéfice par action pour 2024 et 2025.
Source : tradingsat.com