Ferroviaire : Alstom présente les nouveaux trains de la première ligne régionale qui ne sera pas exploitée par la SNCF

Alstom a présenté les rames du train Omneo qui circulera sur la ligne Marseille-Toulon-Nice, exploitée par la société Transdev à partir de juillet 2025, la première ligne régionale ouverte à la concurrence.

C'est la première ligne régionale perdue par la SNCF dans le cadre de l'ouverture à la concurrence. Transdev, filiale à 66% de la Caisse des dépôts, va exploiter la ligne Marseille-Toulon-Nice, à partir de juillet 2025, après avoir remporté fin 2021 l'appel d'offres de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) .

L'opérateur a commandé à Alstom 16 trains neufs de la famille « Omneo », composés de 8 voitures, et mesurant 110 mètres soit 352 places assises et 66 strapontins pour les voyageurs, ainsi que 12 places vélo par rame, pour un montant de 250 millions d'euros.

De larges parois vitrées, des prises électriques et du wifi

Ces nouveaux trains, dont la région doit financer l'achat selon Transdev, sont conçus par Bombardier Transport, qu'Alstom a racheté en janvier, et construits dans l'usine de Crespin. Le contrat représente au total 800 millions d'euros sur dix ans, en incluant la maintenance. Le constructeur promet notamment de larges parois vitrées, des prises électriques, du wifi, une climatisation régulée, des toilettes accessibles à tous et une information voyageurs améliorée. La livraison des rames débutera fin 2024, pour une entrée en service de la ligne le 29 juin 2025, ont indiqué Alstom, la Région et Transdev dans un communiqué.

Pour Renaud Muselier, président de la Région Paca, « l'enjeu c'est de passer de 3,5 à 5,5 millions de voyageurs ». Avec ce train, il y a un « doublement de l'offre sur ce territoire. Les trois métropoles sont desservies c'est un gain de temps absolument incroyable », s'est félicité l'élu jeudi. L'édile a expliqué que le choix de la région s'est porté sur Transdev « car nous n'étions pas tout à fait satisfaits de la qualité du service fourni par la SNCF qui était l'opérateur unique ». On avait le plus mauvais réseau de France. Selon la région et l'opérateur, l'enjeu est d'apporter « plus de qualité de service, de fiabilité, de régularité et de ponctualité ».

«  Ça va être notre premier train régional en France, c'est une première en France, c'est un défi pour l'équipe locale, mais je n'ai aucun doute sur notre capacité à le faire de manière très performante pour tout le monde », a commenté Thierry Mallet, le PDG de Transdev.

D'autres lignes vont être ouvertes par la région Paca

En juin dernier, la région a aussi souligné vouloir ouvrir « à la concurrence l'ensemble des lignes restantes de son réseau, en deux lots, l'un sur des lignes dans l'est de la Provence et les Alpes, et l'autre pour des lignes plutôt dans l'ouest de la Provence ».

Le rapport adopté alors en séance plénière de l'assemblée présidée par Renaud Muselier (Renaissance) envisage des contrats de concession au plus tôt à l'automne 2025 pour un début de l'exploitation au plus tôt à l'horizon 2029 sur ces lots. « La région a été la première en France à mener à terme la mise en concurrence de ses services TER », a rappelé pendant la séance Jean-Pierre Serrus, vice-président chargé des transports, vantant un « choc d'offre (qui) a permis le passage de 590 trains par jour aujourd'hui à plus de 730 fin 2024-début 2025 ».

La SNCF l'a emporté dans les Pays-de-la-Loire

Le droit européen impose à partir de décembre 2023 une mise en concurrence du trafic ferroviaire pour toutes les régions, où les appels d'offres sont désormais régulièrement lancés pour attribuer progressivement des lots de lignes locales à de nouveaux exploitants, la SNCF pouvant parfaitement l'emporter, comme elle l'a fait dans les Pays-de-la-Loire mi-juin. La région avait reçu cinq offres, dont une de Transdev et une d'une filiale de la RATP.

Ce nouveau contrat, permettra une économie de plus 100 millions d'euros sur dix ans, indiquait, à l'issue du résultat le conseil régional, une somme qui sera réinjectée pour moitié dans l'augmentation de 26% de l'offre de trains, et après ouverture à la concurrence des deux autres lots, de 33% d'ici 2030. Ce premier contrat concerne l'exploitation de neuf lignes du réseau régional Aléop, tram-train (de Nantes à Nort-sur-Erdre et Châteaubriant, Nantes-Clisson) et « Sud-Loire » (Nantes-Pornic, Nantes - Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Nantes - La Roche-sur-Yon, Nantes - Les Sables-d'Olonne-Nantes, Nantes-La Rochelle, Nantes-Cholet, Angers-Cholet).

SNCF Voyageurs promet « un service repensé pour accompagner (les) clients voyageurs », avec en particulier une présence humaine systématique dans tous les trains et l'utilisation de biocarburant de type B100 sur les lignes Sud Loire. La compagnie évoque aussi « un cadre social de haut niveau » au sein de sa future filiale chargée de l'exploitation de ces lignes. 377 agents de la SNCF doivent y être transférés. En mars dernier Les Hauts-de-France avaient aussi décidé de confier à la SNCF l'exploitation des trains régionaux de la région d'Amiens, malgré les tensions répétées avec la compagnie ferroviaire sur des retards et des suppressions de TER.

 

Alstom en proie à des difficultés

Alstom a de nombreuses commandes, mais cela ne l'empêche pas de rencontrer des difficultés. Pour le premier semestre de son exercice décalé 2023/2024, Alstom a présenté un chiffre d'affaires en légère hausse de 4,9%, à 8,4 milliards d'euros, et un résultat net part du groupe tout juste dans le vert à 1 million d'euros (contre une perte nette de 21 millions d'euros un an plus tôt).

Pour rassurer les actionnaires après une chute de plus de 40% de son cours de Bourse lors de la publication de résultats, le 5 octobre, le deuxième constructeur ferroviaire mondial a annoncé ce mercredi un plan de réduction de coûts avec la suppression de 1.500 emplois dans le monde (soit 10% des fonctions commerciales et administratives). L'industriel a aussi indiqué qu'il étudiait plusieurs pistes pour se désendetter, dont une augmentation de capital et des cessions d'actifs qui pourraient rapporter entre 500 millions et un milliard d'euros. Enfin et surtout, le géant ferroviaire va changer de gouvernance, en faisant appel à Philippe Petitcolin (71 ans), l'ancien patron de Safran.

Le groupe ferroviaire se donne pour objectif une réduction de sa dette de 2 milliards d'euros d'ici mars 2025. Le deuxième groupe ferroviaire mondial entend aussi se positionner sur des appels d'offres plus rémunérateurs pour privilégier les prises de commande de qualité, où la marge potentielle est plus importante.

Source : latribune.fr

 

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