Moncler grimpe vendredi à la Bourse de Milan après l'annonce d'un accord entre LVMH et le spécialiste italien des doudounes, qui relance les spéculations sur les intentions à long terme du géant français du luxe.
A Milan, l'action Moncler bondit de près de 10% à 10h49 GMT après avoir grimpé jusqu'à 15% plus tôt en séance. A Paris, le titre LVMH avance de 1,67%.
Dans un communiqué publié tard jeudi soir, les deux sociétés ont annoncé l'acquisition par LVMH d'une participation de 10% dans Double R, le véhicule d'investissement contrôlé par le holding du PDG de Moncler, Remo Ruffini. Ce véhicule détient actuellement une participation de 15,8% dans le groupe italien.
Double R augmentera sa participation dans Moncler jusqu'à 18,5% au cours des 18 prochains mois, grâce aux fonds propres apportés par LVMH qui va pour sa part augmenter son investissement dans Double R jusqu'à 22%.
A l'issue de la transaction, LVMH détiendra une part de 1,6% dans Moncler, qui pourrait augmenter à 4% au cours des 18 prochains mois, ont affirmé certains analystes.
Pour les observateurs du secteur, ce rapprochement relance les spéculations sur un éventuel rachat de Moncler à long terme mais présente aussi des avantages à court terme pour LVMH.
"LVMH a peut-être l'opportunité, à terme, d'être au premier rang si et quand Moncler pourrait être à acheter", estime ainsi Luca Solca, analyste chez Bernstein.
Rendu célèbre par ses doudounes de luxe, le milanais Moncler est perçu comme l'une des plus grandes réussites de l'industrie du luxe ces dernières années et fait figure à ce titre de cible potentielle d'acquisition par les géants du secteur.
CONTRÔLE RENFORCÉ
Avant la pandémie, Moncler était considéré comme un candidat potentiel à un rapprochement avec l'autre géant du luxe français Kering.
Ce dernier a depuis acheté le parfumeur haut de gamme Creed et une participation dans la marque Valentino, tout en se concentrant sur la relance des ventes de sa maison phare Gucci.
En annonçant l'accord avec Moncler jeudi, LVMH a dit soutenir la vision de Remo Ruffini.
Le patron de Moncler a alimenté la croissance de sa marque grâce à des collaborations avec des créateurs de mode et à des événements très courus par les célébrités, ainsi qu'à des acquisitions, en rachetant la petite marque de vêtements d'extérieur Stone Island en 2020.
Au cours des neuf derniers mois, deux investisseurs de Double R étaient sortis du véhicule en étant payés en actions Moncler, ce qui avait réduit le contrôle de Remo Ruffini sur la société.
Le partenariat avec LVMH renforcera la position du PDG du groupe italien en tant que premier actionnaire de Moncler, ont déclaré les deux sociétés.
LVMH va de son côté obtenir le droit de nommer deux membres du conseil d'administration de Double R, ainsi qu'un siège au conseil d'administration de Moncler.
INVESTISSEMENT "OPPORTUN"
Pour les analystes de JPMorgan, l'accord rappelle l'investissement minoritaire opéré par LVMH dans le chausseur de luxe italien Tod's.
Actionnaire de longue date de Tod's, LVMH a augmenté en 2021 sa participation dans le groupe italien à 10%, une démarche que les sources de l'époque ont qualifiée de "soutien amical".
"Si LVMH a fait ses preuves en matière de consolidation du secteur, il a également prouvé qu'il pouvait jouer un rôle d'actionnaire minoritaire et de partenaire à long terme", observent les analystes de JPMorgan.
Pour Moncler, un rapprochement avec LVMH offre un "soutien financier nécessaire en cas de besoin à l'avenir", soulignent pour leur par les analystes de RBC.
Ils jugent "opportun" l'investissement de LVMH compte tenu de la faiblesse actuelle du secteur du luxe liée au ralentissement de la demande en Chine, qui a conduit à une nette baisse des valorisations du secteur du luxe en Bourse.
Le ratio de la valeur d'entreprise à 12 mois de Moncler par rapport à l'EBITDA est de 10,66, contre 31 pour Hermès , qui signe la meilleure performance boursière au sein du luxe de ces dernières années.
"En l'absence de rachat d'actions pour LVMH (en raison de l'incertitude liée au traitement fiscal français), et d'un manque de crédibilité et de cibles de rachat suffisamment importantes, nous considérons les investissements minoritaires dans des groupes déjà établis comme la meilleure alternative pour utiliser les excédents de trésorerie", expliquent les analystes de RBC.
Source : Reuters (Rédigé par Elisa Anzolin, Mimosa Spencer, Anna Pruchnicka ; version française Florence Loève ; édité par Blandine Hénault)