Les gaps

1. Présentation des gaps

Les gaps sont des espaces vierges de cotation. Ils sont consécutifs à l’absence de transactions sur certains niveaux de prix et illustrent un décalage entre l’offre et la demande de titres. Les gaps traduisent un excès du marché. Cela signifie que, dans cet intervalle vide, aucune transaction n’a eu lieu entre les acheteurs et les vendeurs. Il y a alors une inadéquation entre l’offre et la demande de titres. L’une des parties est absente de la transaction dans cet intervalle de prix (plus de vendeurs dans le cas de gap haussier ou plus d’acheteurs dans le cas d’un gap baissier). L’existence des gaps peut être due à plusieurs facteurs.

Les facteurs liés exclusivement à l’analyse technique :

  • le début d’une nouvelle tendance ;
  • la fin d’une tendance existante ;
  • la force et l’accélération de la tendance en cours.

Les facteurs secondaires :

  • les effets d’annonce (fondamentaux sur la valeur, le secteur, l’économie) ;
  • le manque de liquidité du marché ;
  • le détachement de dividende et autres opérations sur titre ;
  • la suspension de cotation.

Graphiquement, les gaps apparaissent lorsque le plus bas d’une période donnée est supérieur au plus haut de la période précédente (gap haussier) ou lorsque le plus haut d’une période donnée est inférieur au plus bas de la période précédente (gap baissier).

Ci-dessous, sont présentés des gaps baissier et haussier avec une représentation graphique en chandeliers japonais.

La lecture graphique des gaps se fait sur des gaps d’ombre (ou de mèche), c’est à dire entre les plus hauts et plus les bas des chandeliers. L’intérêt des gaps réside dans le fait qu’ils mettent en évidence des niveaux de support/résistance. Ils fournissent des informations pertinentes concernant le niveau de stress de ceux qui sont en position à ce moment.

De manière générale, les gaps ont vocation à être comblés. En revanche, certains gaps ne sont pas systématiquement comblés comme nous le verrons ultérieurement. Ainsi, le comblement des gaps dépend de plusieurs critères :

  • du type de gap (les gaps communs sont le plus souvent comblés comparativement au breakaway) ;
  • de la tendance (primaire, secondaire, tertiaire ou d’ordre inférieur). Ainsi, plus la tendance observée est d’ordre inférieur (trend à court et très court terme) et plus les gaps observés auront une probabilité plus forte d’être comblé rapidement. Les renversements de tendance étant plus fréquents ;
  • de la période et de l’horizon de temps. Un gap visualisé sur une période intraday n’est visible en période quotidienne que s’il intervient à l’ouverture ou à la clôture du marché.

2. L’interprétation des gaps

Le gap commun

Le gap commun est le gap le moins significatif. Il apparaît généralement lors d’événements mineurs (exemple : effet d’annonce, résultats fondamentaux...) mais n’affecte pas durablement la tendance du titre. En effet, on peut constater que ce type de gap est, la plupart du temps, comblé de façon assez rapide. On dit qu’un gap est comblé lorsque les cours reviennent par la suite sur l’intervalle sans cotation.

Le gap de rupture ou breakaway gap

Présentation du gap de rupture

Le gap de rupture traduit un retournement important dans l’évolution du titre et implique un retournement de tendance. Le gap de rupture apparaît après de nouveaux plus hauts (ou nouveaux plus bas pour le cas d’une tendance baissière).

Le gap peut se produire après une zone de congestion

Après avoir atteint de nouveaux plus hauts dans le cas d’une tendance haussière, on peut constater parfois l’apparition de zones de congestion. Cette zone de congestion représente le combat entre les pressions vendeuses et acheteuses avant l’apparition du gap de rupture et le décrochage.

Les premiers acheteurs entrés au début ou au milieu de la tendance (les professionnels et initiés, investisseurs institutionnels, fonds de pension, sociétés de gestion...) vont couper en partie leur position et prendre leurs bénéfices au fur et à mesure que le titre poursuit son mouvement haussier en atteignant de nouveaux plus hauts. Ce qui explique l’existence des zones de consolidation ou de prises de bénéfices.

Les clôtures de positions acheteuses vont s’intensifier d’autant plus que le dernier « nouveau plus haut » n’arrive pas à être dépassé. Les acheteurs observent en effet un point haut (pouvant être un niveau technique) n’arrivant pas à être lui-même franchi.
En fin de tendance, la hausse du titre n’est plus alimentée qu’artificiellement. En effet, les titres achetés sont le fait :

  • des acheteurs « résiduels », généralement les particuliers ou néophytes entrés en fin de tendance ;
  • des vendeurs à découvert qui ne peuvent plus tenir leurs positions perdantes et qui clôturent leurs positions en rachetant les titres vendus précédemment à découvert.

Le breakaway gap se produit après une zone de congestion (non obligatoire) lorsqu’un niveau technique (droite de tendance, moyenne mobile…) ou qu’une figure technique (canal, triangle…) a été cassé. Le gap de rupture s’accompagne généralement de forts volumes et amorce le retournement de la tendance.

Interprétation du gap de rupture à la baisse

Un gap de rupture à la baisse se produit après un nouveau plus haut, lorsque la majorité des vendeurs à découvert ont clôturé leur position et que la plupart des acheteurs ne sont plus prêts à acheter au prix donné qu’ils considèrent trop élevé. Le breakaway gap est donc le fruit d’une nouvelle vague de vendeurs à découvert (professionnels et initiés) qui considèrent que le titre a atteint son plus haut et ne peut que corriger à la baisse.

Les derniers acheteurs (petits porteurs), entrés trop tard sur la tendance, ne peuvent que faiblement résister à la pression baissière des initiés et professionnels de plus en plus nombreux.

L’existence ou non d’une zone de congestion sera liée à l’intensité du combat entre les bulls (haussiers) et les bears (baissiers). L’absence de zone de congestion et un décrochage rapide du titre à la baisse signifient l’absence de pression haussière résiduelle.

Interprétation du gap de rupture à la hausse

Un gap de rupture à la hausse intervient lorsque les vendeurs n’ont plus rien à vendre. Le marché repasse aux mains des acheteurs. La forte pression acheteuse fait augmenter fortement les cours et se matérialise par un gap de rupture.